Quelques pages de l'histoire de Haraucourt
L'histoire du village
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Les 2 églises: celle de Domêvre et celle du village

L'un des lieux qui excite le plus la curiosité est certainement le cimetière de Domèvre, avec sa vieille tour romane. Ici encore l'érudition vient à notre aide. Monsieur Salin, le savant président de la société d'archéologie lorraine, nous apprend que la plupart des cimetières isolés au milieu des champs remontent à l'époque mérovingienne.

La tradition, l'antiquité des constructions nous autorisent à admettre cette hypothèse pour Domèvre. Il semble bien qu'au Moyen Age, il y a eu, autour de l'église de Domèvre, un groupe de maisons, puisqu'un titre de 1258, sépare le finage de Domèvre et de Haraucourt. Il s'agit d'une vente de terrains situés à Harocort, Domèvre et Buconco (archives de M&M H.ll08).
Mais la véritable paroisse était Haraucourt comme le montre le "Pouillée" (Annuaire des paroisses du diocèse de Toul) de 1402 et son église était la vieille église romane du XII ème siècle dont la tour massive subsiste encore au milieu du cimetière. Henri Lepage, citait dans" les communes de la Meurthe" un extrait de l'état du temporel des paroisses dressé en 1712, dit que l'ancienne église champêtre de Haraucourt a été interdite par l'autorité épiscopale en 1689 à cause de son état de vétusté, sa destruction est donc postérieure aux guerres du XVII ème siècle, elle n'est donc pas tombée sous les coups des suédois comme on le répète trop souvent.
D'ailleurs, en 1689, le service du culte s'y faisait encore aux quatre grandes fêtes de l'année parce qu'elle était l'église-mère, malgré l'existence de la nouvelle église fondée au village même en 1558 par les habitants qui voulaient avoir à proximité de leurs habitations leur maison de prière.
Un mémoire de 1693 (archives des Vosges; G 1987) nous fournit des indications très précises sur les deux églises à propos d'une réclamation adressée par les habitants de Haraucourt aux Chanoinesses de Remiremont décimatrices pour leur demander d'entretenir l'église du village, comme elles avaient entretenu l'ancienne église de Domèvre.
Voici l'état des deux bâtiments à la fin du XVII Ilème siècle.
Eglise de Domèvre(Domnus Aper) Patron Saint Epvre, septième évêque de Toul de 500 à 507. Longueur de la nef depuis le choeur jusqu'à la tour 9,50 m (pour plus de commodité les anciennes mesures linéaires ont été tansformées en mètres) hauteur des murailles depuis le pavé jusqu'à la toiture (5,70 m). Largeur de la nef entre les deux murailles (6 m). Il y a deux chapelles voûtées (une de chaque côté de la nef) qui font saillie sur le cimetière, elles ont (3 m) de côté. La toiture est en tuiles creuses.
Bien que le service du culte se fasse à Haraucourt depuis plus d'un siècle, lit-on dans le mémoire de 1693, on enterre encore les morts dans le cimetière de Domèvre, lequel est fermé en partie par des murailles et en partie par des palissades.
Il n'y a aucune maison dans le voisinage de ce cimetière. Avec l'aide de ces précieux renseignements apportés par le mémoire précité et après une étude approfondie de la tour qui subsiste encore et de ses environs par comparaison avec les églises de la même époque qu'on trouve encore dans la région lorraine, nous avons pu reconstituer sur un dessin la vieille église de nos ancêtres.
La tour romane de Domèvre date du XII siècle. Elles est percée à l'est d'une voûte en berceau plen-cintre qui s'ouvrait à l'intérieur de l'église et dans laquelle devait se trouver les fonds batismaux. Cette voûte renferme aujourd'hui une petite chapelle dédiée à Saint Epvre, patronne de la paroisse, qui a été inaugurée en 1885 par Mgr Trouilet, curé se St Epvre à Nancy; M Guyon étant alors curé de Haraucourt.

La tour Romane
Les murs de la tour ont 1,20 m d'épaisseur à la base et 1 m à la partie supérieure. La tour était un peu plus élevée qu'aujourd'hui (1 m environ) ; elle est perée de quatre fenêtres romanes en pierre calcaire du pays. A l'ouest, la fenêtre est très simple, les trois autres sont doubles mais il leur manque actuellement la ccolonne médiane, surmontée d'un chapiteau sur lequel venaient s'appuyer les deux arcs qui se rejoignaient au milieu. Enfin on accédait à la tour, en se servant simplement d'une échelle, par une ouverture qui existe encore au-dessus et à droite de la voûte qui prenaitjour dans l'église.

L'église s'étendait alors depuis la tour jusqu'au chevet du choeur, situé à l'est à peu près à la hauteur des tombes Poirel et Cafaxe; un fragment de pierre de taille à l'angle obtu a été trouvé en creusant cette dernière tombe. L'entrée de l'église devait se trouver sur le côté sud (regardant Haraucourt) à un mètre environ de la tour.

L'église elle-même n'était qu'une grande salle avec un plafond en planches sur les poutres horizontales, il n'existait pas de bas-côtés et il est probable que les deux chapelles latérales formaient le transept.
L'ensemble était orienté comme il est de règle: la tour à l'ouest et le choeur à l'est. La vieille église de Domèvre était encore debout au début du XVIIIème siècle, les registres paroissiaux de 1708 parlent encore de "l'église de Domèvre".

Un autre document nous renseigne plus complètement encore: le 23 novembre 1750, le subdéléguéde Lunéville, agissant au nom de l'intendant, fit une visite à Haraucourt à la requête du curé qui demandait aux habitants de faire des réparations à l'église du village. Le subdélégué, après avoir reconnu le bien-fondé de la demande du curé et donné des instructions en conséquence, voulut aller jusqu'à la vieille église champêtre. Et étant arrivé au dit endroit appelé Domèvre, écrit-il dans son rapport: " nous avons remarqué une vieille église qui était autrefois celle de Haraucourt, laquelle n'est plus fréquentée et un cimetière y attenant". Le cimetière était en effet aussi ancien que l' église et il y fut conservé en 1588 lors de l'établissement de l'église du village.

Cependant, au début du XVIII ème siècle, on l'abandonna comme trop éloigné de l'agglomération, la fabrique louait l'herbe qui poussait entre les tombes.
On enterra alors les morts soit à l'église du village (les curés, les membres de la famille du seigneur et même de simples paroissiens) , soit au cimetière attenant à l'église, soit comme en 1751 dans un autre cimetière établi rue Martin (on trouva en 1919 des ossements qui situent ce cimetière au voisinage de la ruelle Valtrina, ancienne maison Eugène Martin).

Enfin, vers 1770, après l'essai de ces cimetières provisoires, on revint au vieux cimetière de Domèvre qui fut remis en état, c'est vraisemblablement à ce moment qu'on démolit l'église.


L'église du village
Le mémoire, cité plus haut de 1693, dit que" les habitants de Haraucourt ont bâti cette église en 1588, en l'honneur de Saint Gengoult, pour leur plus grande convenance et celle du Seigneur" Les archives nous ont gardé le nom du curé bâtisseur de l'église: c'est Claude Vapxey, qui donna aux habitants une maison d'école en 1550.

En 1959, c'est Sébastien Gillet qui officie dans la nouvelle église. On y lit aussi des indications sur les dimensions de l'église à cette époque: elle avait 20,60 m de longueur, depuis l'arcade du choeur jusqu'à la muraille du portail; sur cette distance il faut diminuer l'espace de la tour qui mesure 4,15 m de côté. La largeur de la nef est de 9,80 m et la hauteur des murailles, depuis le pavé jusqu'à la toiture est de 8,60 m.

Cette église de 1588 était du style ogival tertiaire ; on remarque encore sous le clocher une voûte d'ogives surchargée d'arcs supplémentaires qui caractérisent l'architecture flamboyante. Remaniée plusieurs fois, l'église a été incendiée en 1914, puis restaurée après la guerre avec un goût très sûr par l'abbé Ferry, seule la tour est du XVI ème siècle, avec ses belles fenêtres gothiques.

Une pierre sculptée orne la façade, on y remarque un bel écusson aux armes de Haraucourt. Dans le Pouillé de 1711, Saint Gengoult est encore indiqué comme le patron de l'église, mais Saint Epvre a repris ses droits d'ancienneté à la disparition de l'église de Domèvre et aujourd'hui Saint Gengoult est complètement ignoré à Haraucourt.

Avant la Révolution, il y avait dans les églises paroissiales des chapelles fondées par les fidèles qui y attachaient des revenus servant à faire vivre le chapelain qui devait dire des messes aux intentions des fondateurs. Ces revenus qui consistaient dans les campagnes en la jouissance d'une maison et de quelques terres s'appelaient le bénéfice attaché à la chapelle.

Nous avons vu qu'en 1635, Anne de Haraucourt avait fondé dans l'église du village une chapelle sous l'invocation de Sainte Anne.
Il y avait aussi une chapelle dédiée à Saint Antoine (dans l'église côté évangile); elle avait été fondée par Nicolas Barthélémy, au début du XVIIlème siècle mais en 1713 ses héritiers cédèrent leurs droits au curé Michelet, celui-ci les céda ensuite directement au chapelain.
Le dernier chapelain fut l'abbé Dominique Vautrin. Il est né à Haraucourt en 1725, en 1750 il n'est que Sous-diacre comme l'indique un acte de sépulture du 9 novembre. "Claude François a été enterré dans la nef de l'église (près de l'endroit par où on monte dans la tour), avec les cérémonies que méritent les bons catholiques en présence de Dominique Vautrin, Sous-diacre..."