Quelques pages de l'histoire de Haraucourt
L'histoire du village
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Les cimetières successifs de Haraucourt

La tour romane de Domêvre fièrement plantée au milieu du cimetière, dominant la vallée de la Roanne et les étangs de Buissoncourt, est le seul vestige de l'ancienne église de Haraucourt, qui est déjà désignée dans les anciens titres sous le nom d'Aracurü monasterium.
S'il est vrai que la plupart des cimetières isolés au milieu des champs remontent aux mérovingiens, il est permis de supposer que nos ancêtres des VII et VIII ème siècles ont déjà bénéficié à cette époque de l'affermissement du culte dans nos campagnes, ce qui apporterait une contribution à l'étude de l'expansion du christianisme dans la région.
Quoiqu'il en soit, la tour du XII éme siècle de notre ancienne église champêtre reste le seul monument ancien de la petite contrée qu'elle domine puisque l'ancienne église de Buissoncourt, qui datait vraisemblablement du XIII ème siècle, a disparu sous les marteaux du démolisseur en 1860 pour faire place à l'église actuelle et que l'église de Gellenoncourt, presqu'aussi vieille, a été complètement remaniée en 1764, date de la construction du clocher actuel.
Une question a été souvent posée; existait-il un village à Domêvre ? Malgré la légende qui a encore des partisans à Haraucourt, nous ne le pensons pas.
Cependant Henri Lepage dit qu'il y a eu, d'une part de l'ancienne église, une maison de Templiers; d'autre part, un titre du XIII ème siècle sépare les finages de Harocort, Domêvre et Buconcourt, ce qui semblerait indiquer qu'au moyen-âge, il y aurait eu autour de l'église, un groupe de maisons, qui cependant ne constituait pas un village indépendant, puisque l'église était bien, comme nous l'avons dit, celle de Haraucourt.
Il se peut aussi qu'un gardien ou un ermite ait vécu à l'ombre de la tour. Quelque soit l'hypothèse retenue, il faut bien admettre l'existence, à une époque éloignée, de maisons d'habitation à Domêvre, puisqu'en creusant la tombe de Monsieur Charles Aoust, on a mis à jour, en 1927 un véritable foyer contre la tour, avec des fragments de briques de l'âtre et des cendres de bois de chauffage, plus que centenaires.
Mais déjà au début du XVème siècle il n'y avait plus de construction autour de l'église, comme en fait foi l'annuaire des paroisses de 1402.
Une autre légende, qui a été aussi tenace, prétendait que l'église de Domêvre avait été ruinée pendant la guerre de trente ans par les Suédois.
Les textes d'archives démentent formellement cette assertion. En effet la destruction de l'église est bien postérieure aux guerres du XVII ème siècle puisqu'elle existait encore en 1742.
On lit à cette date dans l'état du temporel des paroisses:
"II y a une ancienne église près de la prairie hors du village qui était paroissiale sous l'invocation de Saint Epvre... Cette église n'était pas à la portée de la paroisse, on en a bâti dans le village, une autre où se fait le service paroissial. L'ancienne église est devenue inutile et tombe en ruines, il n'y a plus qu'un garde chapelle. Le cimetière reste néanmoins et l'on continue à inhumer les corps".
Bien mieux, un autre document indique que l'église était encore debout en 1750. Cette année là, le subdélégué du bailliage de Lunéville, étant venu àHaraucourt, voulut aller jusqu'à la vieille église champêtre (23 novembre 1750- archives de Mthe et Mlle-C36) et étant arrivé audit endroit appelé Domêvre, écrit-il,
"Nous avons remarqué une ancienne église qui était autrefois celle de Haraucourt, laquelle n'est plus fréquentée et un cimetière y attenant."
Nous verrons que l'époque de la disparition de l'église doit se situer autour de 1780 et les démolisseurs ont heureusement conservé la tour massive, un des rares souvenirs de l'architecture romane dans le pays portois.
Le cimetière de Domêvre est vraisemblablement, comme nous l'avons dit, antérieur à l'église du XII ème siècle qui remplaça peut-être un oratoire plus ancien.
D'après les renseignements fournis par les archives, ce cimetière resta en usage jusqu'au XVIII ème siècle, fut abandonné pendant soixante ans environ et retrouva vers 1780 son ancienne destination.
La nouvelle église
En 1588, au moment de la construction de l'église du village, il ne fut pas question de désaffecter le cimetière.
Un siècle après, en 1693, un mémoire indique qu'on "enterre encore les morts dans le cimetière de Domêvre, lequel est enfermé en partie par des murailles et en partie par des palissades" et précise que dans le voisinage du cimetière il n'y a aucune maison.
Entre ces deux dates, 1588 et 1693, le service du culte se faisait encore dans l'église de Domêvre aux grandes fêtes parce qu'elle était l'Eglise-mère.

UN NOUVEAU CIMETIERE
A la fin du XVII ème siècle, l'église de Domèvre fut interdite par l'autorité épiscopale à cause de son état de vétusté et au commencement du XIII ème, à la requête du curé, le cimetière lui-même dont les murs tombaient en ruines et dans lequel le bétail pouvait pénétrer, était interdit.
On rechercha un emplacement au village même et on installa un nouveau cimetière en 1721, autour du chevet de la nouvelle église.
D'après le témoignage de personnes qui ont encore vu d'anciennes pierres tombales vers 1868, date de la restauration de l'église et de l'approfondissement du choeur, ce cimetière se trouvait à droite de l'église, sur l'emplacement de la sacristie actuelle et aux environs.
Le cimetière de Domèvre fut alors complètement abandonné et la fabrique loua l'herbe qui poussait entre les tombes.
Mais le nouveau cimetière présentait deux inconvénients : il était trop petit et surtout l'eau venait très facilement dans les fosses, si bien que les corps se conservaient au lieu de se consumer.
On acheta un terrain dans la rue Martin (actuellement rue Hanzelet) et on ouvrit une nouvelle nécropole en 1751. Les sépultures du cimetière de l'église demeurèrent en place mais on n'y enterra plus: ce cimetière n'avait été utilisé que pendant trente ans et nous allons voir que celui de la rue Martin ne dura lui aussi que le même laps de temps.
Durant l'hiver de 1762-1763 il y eut à Haraucourt 26 ou 27 décès et par suite des fortes gelées, on n'avait pu enterrer les corps dans le deuxième cimetière du village qu'à deux pieds de profondeur, (0,60 mètre environ). Au dégel et au printemps, les habitants de la rue Martin se plaignaient au comte de Chatenay seigneur de Haraucourt, de la mauvaise odeur qui se dégageait du cimetière.
Le seigneur écrivit à l'intendant de Lorraine qui envoya sur place le subdélégué du bailliage de Lunéville. Ce dernier ordonna de couvrir toute l'étendue du cimetière d'un pied et demi de terre mais devant les inconvénients d'un cimetière au milieu du village, on utilisa de nouveau à partir de 1780 le vieux cimetière de Domêvre, sauf pour quelques inhumations dans celui de la rue Martin en 1790.
Les herbes poussèrent bientôt dans le cimetière abandonné; en 1811 un nommé Gobert acheta le terrain pour se bâtir une maison et on transporta àDomêvre les restes des défunts.
C'est vraisemblablement lors de la remise en état du cimetière de Domêvre, en 1780, qu'on démolit l'église dont le choeur était encore en assez bon état, mais dont la nef était en ruine.
La clôture du cimetière fut réparée provisoirement, mais ne fut rétablie à neuf qu'en 1840.
La grande croix du cimetière de Domêvre a été érigée le 15 août 1857 par les soins de la marbrerie Miller- Thièry de Nancy.
Malgré de nombreuses recherches, nous n'avons pas pu établir s'il s'agissait d'un monument entièrement neuf ou d'une restauration de la grande croix du cimetière de la rue Martin, dont il est parlé dans les registres paroissiaux et qui aurait très bien pu être réédifiée au cimetière de Domêvre en 1811, puis complètement remise en état sur un nouveau socle en 1857.
La croix actuelle, restaurée il y a quelques années sur l'heureuse initiative de Monsieur l'abbé Hainin est un peu moins élevée que le monument primitif "cette belle croix élancée vers le ciel et qui domine la tombe des curés de Haraucourt" comme disait si justement l'abbé Boucleinville en 1907, au moment du cinquantenaire.

La tombe des curés au cimetière de Domêvre
Elle se présente actuellement sous la forme d'une colonne cannelée supportant une large bague sculptée surmontée elle-même d'un chapiteau évasé terminé par une croix métallique qui a remplacé l'ancienne croix de pierre. Sur la bague sculptée sont représentées les quatre figures allégoriques se rapportant à chacun des 4 évangélistes:
La face du chapiteau qui regarde Haraucourt renferme une très jolie sculpture du buste de Saint Epvre, mitré et cossé; les autres faces sont en assez mauvais état.
Sur la tombe qui est au pied de la croix figurent les inscriptions suivantes gravées dans la pierre:
D.O.M. A ses pasteurs bien-aimés:
François Guéprate 1803-1807
Pierre Maire 1878-1880
René Poirel 1896-1902
Félicien Ferry 1911-1940
la paroisse reconnaissante "Amabiles et décori in vita sua ".
Cette citation est tirée de l'Ancien Testament au deuxième livre de Samuel-Chapitre 1er, verset 23.
Elle se rapporte à la douleur de David à la mort de Saûl et de Jonathas. "Chéris et aimables dans la vie" Un autre nom devait figurer en tête de cette liste: celui de Charles Ignac_ Auger, né à Bourmont en 1706, qui fut curé de Haraucourt pendant 43 ans (1737-1780) et qui mourut le 8 avril 1780. Il fut enterré dans le cimetière de la rue Martin, ses restes furent solennellement transférés à Domèvre le 31 mars 1811, par les soins de Joseph Munier qui fut curé de Haraucourt de 1807 à 1823, avant de devenir supérieur du Séminaire de Saint Dié.
Voici dans son émouvante simplicité, le procès verbal de cette translation, d'après les registres de la paroisse:
L'an mil huit cent onze, le quatre avril, je soussigné Claude Joseph Munier, prêtre desservant de Haraucourt, certifie que le terrain servant autrefois de cimetière, situé dans le village, ayant été cédé par la commune à un particulier ayant en vue d'y bâtir, j'ai fait exhumer de cet ancien cimetière les ossements de feu Charles Auger, mon prédécesseur de sainte mémoire lesquels ont été reconnus être véritablement les siens, à plusieurs marques certaines et en particulier aux restes de ses souliers qui lui avaient été mis lors de son inhumation et qui ont été retrouvés à ses pieds. Après avoir fait renfermer ses ossements dans un petit cercueil, je les ai transférés solennellement en présence de toute la paroisse et de beaucoup d'étrangers, au cimetière de Domèvre, où ils ont été de suite inhumés le dimanche trente et un mars dernier, à l'issue des vêpres, de laquelle translation et inhumation, j'avais préalablement obtenu la permission de l'évêché.
En foi de quoi, Louis Briat, Dominique Caron et Dominique Henri fils, lesquels ont transporté euxmêmes les dits ossements.
Fait à Haraucourt ce quatre avril mil huit cent onze.
Signé J. Munier, desservant de Haraucourt.