UNIVERS-SEL: Projet de développement et de préservation du patrimoine salin entre Meurthe, Sânon et Saulnois versions :     Englich     Español   

Le minerai de sel est exploité en Lorraine depuis la protohistoire en Pays du Saulnois ; à l'aube de l'ère industrielle sur les rives du Sânon (Einville-au-Jard) et aujourd'hui sur la rive droite et le plateau de la Meurthe et en amont de Nancy (de Laneuveville-devant-Nancy jusqu'à Dombasle-sur-Meurthe). 

UNIVERS-SEL est un projet de développement local axé sur la mise en valeur du patrimoine industriel salin où chaque partenaire doit y trouver un intérêt.


Depuis un an environ, un groupe de travail composé des représentants de l'industrie saline, de l'écomusée de Marsal, des communautés de communes et de la plupart des communes minières se réunissent pour élaborer un grand projet de préservation du patrimoine salin et de reconversion économique du secteur.
A l'origine de ce projet, les communes minières du plateau "rive droite" de la Meurthe ont fait le constat suivant:
L’intérêt socio-économique de l’industrie salifère décroît aux dépends exclusifs des communes détenant le minerai. Cela ne signifie pas que l'industrie lorraine du sel soit en perte de vitesse, bien au contraire mais son impact en terme d'emplois et de richesse fiscale est concentré sur une commune principale (Dombasle) et dans une moindre mesure, sur seulement 3 autres villes (Rosières; Varangéville et Laneuveville). Les villages d'où est extrait le minerai sont dans une situation paradoxale : l’activité saline est toujours présente avec un volume de production stable mais, faute d’emploi et de produit fiscal induits, les villages sont en situation d’appauvrissement industriel tout en continuant à subir une dépréciation intense de l'environnement !
Ces communes, et c’est une chance pour elles, ont choisis d’adhérer à la même communauté de communes. Regroupant 10 communes minières et une population totale de plus de 8000 habitants, ses avis devraient, enfin, être entendus par les pouvoirs publics qui jusqu’ici, ont fait peu de cas des intérêts communaux dans le domaine salifère.
Le projet UNIVERS-SEL est la concrétisation d’une volonté locale de développement harmonieux visant à rendre l’économie locale moins dépendante d’une seule activité tout en conservant des traces de ce qui fit sa richesse passée. Le projet se décrit ainsi :
-    reconnaissance de la nécessité de reconversion industrielle
-    un projet de développement local concernant la partie sud du territoire de la CCGC
-    un projet régional de préservation du patrimoine salin et de l’environnement
-    un projet de développement régional du tourisme à thème salin
-    l’intégration de ces projets dans un cadre européen afin de réduire la dépendance économique

QUELLES SONT LES INTERETS DE CHAQUE PARTENAIRE ?
L’intérêt des communes directement concernées et de leur communauté a été démontré plus haut. Pour les partenaires industriels, il ne serait pas sain de maintenir un statut-quo dans lequel la majorité des communes ne trouve plus d’intérêt à l’activité industrielle; si les conditions actuelles étaient maintenues, on imagine les difficultés rencontrées pour l’obtention d’une nouvelle concession minière ou pour une extension de capacité de production. De plus, les effondrements miniers ont une influence néfaste sur la perception de l’environnement. Un geste significatif et rapide en faveur de leur aménagement est de nature à améliorer cette mauvaise image de l’industrie saline.
Concernant les partenaires institutionnels locaux, Département et Région, leurs intérêts sont identiques à ceux des communes et communautés de communes.  En ce qui concerne l’état et l’union européenne, aider ce projet est un acte préventif en matière de sinistre économique ; mais c’est aussi démontrer, enfin, que le développement économique n’est pas réservé à la seule commune du siège industriel.

COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ LÀ ?  
Le sel fut longtemps un produit que l’on croyait rare ce qui lui a donné une grande valeur marchande au cours de l’histoire. Pourtant, il est l’un des produits indispensables à notre alimentation et à l’industrie chimique les plus répandus et ce, de manière égale à travers la planète.
Le sel gemme (issu de gisements souterrains) est aujourd’hui un matériau commun. Il est le dernier minerai exploité en Lorraine, plus précisément dans la vallée de la Meurthe, en amont de Nancy. Cette industrie qui emploie environ 3500 personnes est peu connue des lorrains eux-mêmes. Il faut dire que depuis le Moyen-Age, l’activité saline est diversement appréciée selon les intérêts de chacun.
Historiquement, le sel est à l’origine de l’opulence des évêques de Metz et, dans une moindre mesure, de celle des ducs de Lorraine. Mais il n’est sans doute pas étranger à la convoitise des puissants voisins de la Lorraine historique (royaume de France et Saint-Empire) qui  fit d’elle une «terre martyre» notamment lors de la guerre de trente ans (1618-1648 ; (l’on admet aujourd’hui que cette guerre dite de religion avait des motivations beaucoup plus «terre-à-terre»). Dans les cahiers des doléances de 1789, les habitants de Haraucourt dénoncent (déjà), la concurrence déloyale des salines dont l’importante consommation de bois de chauffage rend ce matériau beaucoup trop cher !
L’industrie du sel commence réellement dans la 2e moitié du XIXe siècle. De cette date à la fin des années 1960,  cette activité sera la seule période de l’histoire où l’exploitation générera un intérêt commun et partagé. En effet, l’industrie emploie  massivement des fils d’agriculteurs à une période où le monde rural connaît sa plus grande mutation. Cette proximité limite considérablement l’exode rural. Les proches villages des plateaux voisins maintiendront une population nettement plus importante que la moyenne de la campagne lorraine. Les saliniers (ouvriers du sel) «restés au pays» continueront à exploiter la terre familiale en dehors du temps de travail à l’usine. Cette double activité génère un revenu supérieur qui fait d’eux une catégorie ouvrière sensiblement plus aisée que la moyenne.    
Comme les autres secteurs, l’industrie du sel se modernise et obtient d’énormes gains de productivité. La fin du XXe siècle voit le nombre d’employés diminuer de manière drastique alors que le volume de production augmente.
C’est à cette période que surviennent les 1ers effondrements miniers qui ont pour conséquence indirecte une forte augmentation de la pression foncière, aussi bien urbaine qu’agricole. Toujours à la même période, les communes, rurales ou urbaines, développent des services nouveaux en faveur de leurs habitants : éclairage public, voirie, assainissement … Ces prestations ont un coût élevé. A la recherche de financement, les communes du bassin salifère constatent que la richesse induite par l’industrie du sel est bien mal partagée. Le produit fiscal de l’industrie du sel ne bénéficie qu’à une seule commune alors que les villages subissent une énorme contrainte au développement urbain, sans réelle compensation. L’emploi salin ayant quasiment disparu de ces dernières, elles voient surtout le mauvais côté de cette industrie qui modifie leur environnement de manière irrémédiable et ce, sous l’œil indifférent des administrations fiscales et industrielles. L’on est donc revenu au point de départ avec des avis très partagé sur l’effet de cette activité !
Il appartient maintenant aux acteurs d'UNIVERS-SEL d'inverser la tendance !


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