Nous commençons la publication d’une série de trois articles sur le sel : son dépôt et la formation des couches supérieures ; l’exploitation du sel de la préhistoire jusqu’au 18e siècle et l' ’industrie du sel
Il est conseillé de lire aussi l'article sur le projet "UNIVERS-SEL"


La génèse
Il était une fois, il y a plus de 220 millions d'années… Vers le milieu de la période du Trias, la mer venue d'Allemagne ou mer germanique submerge une grande partie de l'Est de la France. Un climat marin s'établit sur une tranche d'eau qui n'excède guère quelques dizaines de mètres.
Le Trias est le grand âge du sel. A la fin, vers -190 millions d’années, le climat redevient sec. La mer germanique s’évapore de nouveau et dépose ainsi de nouvelles couches de sel. C’est à son emplacement que se trouvent les gîtes salifères du Keuper, notamment ceux qui sont exploités en Lorraine.
Le climat était rude. Des périodes de sécheresse prolongées étaient interrompues par de brèves saisons humides. Un climat chaud provoquait une intense évaporation des nappes d'eau. Au fil des années, celles-ci se rétrécissent, se confinent puis s'assèchent. Au cours de ce processus, les eaux s'appauvrissent en oxygène et la salinité augmente. Le sel gemme se dépose en couches épaisses.

 A l'époque suivante, celle du Keuper, qui correspond aussi à l'époque du Trias supérieur, les relations avec la haute mer sont définitivement rompues. La mer germanique se résout alors en une suite de vastes lagunes. Dans leurs eaux calmes se décantent des particules argileuses apportées de lointains rivages. Enrichies en calcaire, les argiles donneront des roches friables aux couleurs vives, vertes, rouges ou violettes : les marnes irisées.
Ces couches d’argiles et de calcaire se superposent à la couche de sel gemme ce qui va constituer un piège définitif.

Au cours du temps la profondeur de la mer subit des variations notables. Sous une tranche d'eau faible, les carbonates de calcium qui se trouvent en solution précipitent et donnent naissance à un banc calcaire. Lorsque la mer s'approfondit, se crée un milieu plus calme qui favorise la décantation des particules argileuses et l'élaboration d'un niveau de marnes. Des variations séculaires du niveau de la mer résulte alors une alternance de bancs calcaires et de bancs marneux. Cette dernière catégorie de roches prédomine largement. Leur enrichissement en matière organique provenant de divers organismes fossiles leur confère une teinte sombre : ce sont les schistes gris ou schistes bitumeux.

C’est pendant l'ère tertiaire que la mer se retire. On est à la fin de la période du Jurassique. Durant plus de 100 millions d'années, jusqu'au milieu de l'ère tertiaire, notre province sera une terre émergée au milieu d'une Europe encore partiellement recouverte par les eaux. Un climat tropical provoquera sur les continents une intense altération des roches. En réalité cette longue période de l'histoire régionale demeure très obscure. La troisième période de l'ère secondaire, le Crétacé, n'a laissé aucun dépôt.
Avec l'ère tertiaire débute un événement géologique capital : la formation de la chaîne alpine. Ses répercussions se feront sentir bien au-delà du domaine alpin. La surrection des Alpes eut d'autres conséquences non moins considérables. Le long des fractures provoquées au contact des Vosges et de la plaine, des laves montent des profondeurs de la terre et édifient des volcans.

L'ère Quaternaire se caractérise par une alternance de phases glacières durant chacune plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de milliers d'années, et de périodes interglaciaires où la température pouvait dépasser les moyennes actuelles.
Après une nouvelle phase de réchauffement climatique, se manifeste,  il y a 90.000 ans, la dernière glaciation appelée glaciation du Würm.
Il y a environ 10.000 ans, le climat devient plus tempéré et les paysages dénudés sont remplacés progressivement par une plaine boisée accueillante où l'homme s'établit pour cultiver la terre, élever des animaux et bâtir des villages.