Les chauves-souris

                        Les chauves-souris.

 

Généralités

 Animaux exceptionnels (ce sont les seuls mammifères volants), étranges, ne sortant que la nuit, les chauves-souris, mal connues, ont longtemps suscité peur, voire répulsion.

Longtemps victimes de préjugés, de superstitions à l’origine de nombreux mythes et de leur raréfaction, elles représentent des alliées très utiles à l’homme.(destruction de moustiques et tipules) et à la nature (propagation de graines).

La réflexion populaire évolue à leur sujet. On sait qu’elles ne sucent pas le sang (sauf trois espèces de vampires en Amérique du Sud) , ne s’accrochent pas aux cheveux, ne rendent pas chauve, ne protègent pas contre les sorcières et les démons,  que leurs yeux appliqués sur la tête des aveugles ne leur rendent pas la vue.

 

MorphologieMammifères volants, leur morphologie est particulière..


L’aile, constituée d’une fine membrane, s’attache aux pattes arrières, sur les côtés du corps, le long des bras, entre les doigts de leurs mains qui excepté les pouces, sont très allongés. Cette aile permet à l’animal de planer, de se protéger en s’y enveloppant, de réguler sa température. La chauve-souris ne possède pas de queue, ce qui l’oblige à battre des ailes en permanence pour voler, mais lui offre l’avantage de pouvoir réaliser un demi-tour instantané.

Elles sont capables de chasser des animaux de jour ou de les capturer au sol, mais l’essentiel de leur activité est nocturne. Leur vue est bonne, mais insuffisante pour leur permettre de se repérer dans l’espace aérien et de capturer leurs proies efficacement. Dame Nature les a dotées d’un système d’écholocation (radar) perfectionné. La morphologie particulière de leur larynx et pharynx leur permet d’émettre des ultra-sons à des fréquences comprises entre 20 et 120 Khz Chaque ultra-son émis est réfléchi sur un obstacle et revient à l’oreille de l’animal lui permettant de calculer la trajectoire de sa proie, mais aussi sa forme.

Le sommeil ou l’hibernation s’effectuent tête en bas, ce qui est rendu possible par la position des pieds tournés de 180 degrés facilitant l’accrochage à une paroi. Une fois suspendu le poids de l’animal génère une tension sur les tendons, verrouillant les griffes au support.

 

 

Habitat

Inactives le jour, les chauves-souris s’abritent en se suspendant à une charpente, derrière des volets, des écorces décollées ou des cavités en adoptant une position « à l’envers », se protégeant d’une possible attaque de prédateurs. Ces gîtes sont proches de leur territoire de chasse et de leurs habitudes alimentaires. L’hiver, elles préfèrent des lieux plus frais pour pouvoir entrer en léthargie ( grotte, cave, galerie de mines).

Présentes en ville et dans nos villages, les chauves-souris se concentrent aussi dans les forêts, milieux moins perturbés et abondants en nourriture. Leur rôle écologique est important puisque dans certaines régions du globe, elles assurent la pérennité de la forêt en polinisant certaines plantes ou en dispersant leurs graines. En Europe, elles régulent les populations d’insectes. On estime qu’en une nuit, la Pipistrelle commune dévore 600 moustiques, qu’une colonie de 500 Grands Murins détruit une tonne d’insectes par an. Leur présence dans la nature s’avère donc indispensable.  Les chauves-souris chassent en solitaire, certaines espèces n’acceptant pas la présence d’un autre individu sur leur territoire. Le repos par contre, est propice à la vie sociale. Toutes les espèces sont liées, partageant des activités telles la garde, l’élevage des jeunes lorsque la mère chasse. Chez certaines espèces (Minioptère de Schreibers) une mère peut allaiter le petit de sa voisine. Qu’elle que soit l’espèce, les animaux se blottissent afin de réchauffer les jeunes.

 

Biologie

Reproduction : Dès la fin de l’été les mâles  constituent des harems rassemblant plusieurs femelles qui visitent plusieurs mâles pour s’accoupler. L’embryon se développe et naît après 6 à 10 semaines de gestation. Un seul petit par portée. A peine sorti, il s’accroche à de faux tétons situés sur l’abdomen de sa mère. Pendant la première semaine elle va le réchauffer en le gardant dans son pelage et va donc chasser avec son jeune accroché à ses flancs.

 
Alimentation : Les 31 espèces vivant en France sont uniquement insectivores, chacune, en fonction de sa taille, de son vol, ou de la force de ses mâchoires, chasse des espèces particulières. La Barbastelle se nourrit de proies tendres, la Noctule Commune capture de gros coléoptères volant à la cime des arbres,  le Grand Rhinolophe chasse à l’affût du haut d’une branche, le Vespertillon à oreille échancrée va chercher les araignées sur leur toile.

 
Migration : la plupart des espèces sont sédentaires, les trajets, gîte d’été – gîte d’hiver n’atteignant que quelques kilomètres. D’autres sont migratrices, parcourant plus d’un millier de kilomètres pour rejoindre leurs quartiers d’hiver. C’est le cas de la Pipistrelle de Nathusius qui quitte l’Allemagne ou la Hollande pour l’Espagne.

   Les chauves-souris entrent en léthargie, mécanisme abaissant leur température, réduisant leur consommation d’oxygène, leur permettant ainsi d’économiser leurs réserves.

 

Les espèces 

Les chauves-souris comprennent 3 grands groupes :

    -   les rhinolophidés : oreilles larges à la base, pointues à l’extrémité, ailes enveloppant l’animal au repos.

           Ex : Petit Rhinolophe, Grand Rhinolophe, Rhinolophe Euryale….

-    les vespertilionidés : museau lisse, ailes repliées le long du corps au repos.

             Ex : Vespertilion à oreilles échancrées, Grand et Petit Murin, Noctule commune, Pipistrelle commune…..

-         les molossidés : lèvre supérieure à cinq plis, narines ouvertes vers l’avant. Une seule espèce en Europe : le Molosse de Cestoni.

 

         

 Protection

Pratiquement en bout de chaîne alimentaire , la chauve-souris européenne connaît peu de prédateurs (chouette hulotte, chouette effraie, faucon hobereau, fouine). En revanche, depuis quelques décennies, la civilisation industrielle, l’amélioration de l’habitat ancien, la fermeture hermétique des greniers et des clochers, le traitement des charpentes, la destruction des haies, la réduction des ressources alimentaires par l’emploi d’insecticides et autres pesticides, rendent de plus en plus difficile la survie de nombreuses espèces qui, localement, ont disparu.

 

 

 

Conclusion

La loi  du 10 juillet 1976 protège toutes les chauves-souris. Elles occupent une place importante dans notre environnement  mangeant nombre d’insectes. Leur guano peut servir d’engrais. Aidons –les à vivre en épargnant les grands arbres des haies et en évitant de traiter chimiquement les bois de charpente.

 

     Quelques espèces visibles en lorraine où vivent 19 espèces de chauves-souris :

            . la pipistrelle, la plus petite de nos chauves-souris, chasse près des habitions ;

            . le grand murin, hôtes des charpentes , chasse souvent au ras du sol ;

            . la sérotine, hôte des bâtiments, été comme hiver, chasse dans les jardins et les lisières de forêt ;

            . le murin de Daubenton vit dans les zones humides ;

            . les grands et petits rhinolphes dans les combles et forts désaffectés.

 

 

 Sources :

-         guide des chauves-souris d’Europe (Delachaux et Niestlé)

-         les chauves-souris en Lorraine (Ph.Pénicaud)

-         revue Science et Nature

-         L’étymologie des noms des mammifères (Eveil Nature)

-         O.N.F.-« Les chauves-souris ».